Les trésors œnologiques du domaine Rémy Gresser découverts lors de ma visite en avril 2015

Du haut d’Andlau, le domaine Rémy Gresser impose un charme particulier mêlant tradition séculaire et authenticité contemporaine. Leur histoire remonte à… tenez-vous bien, à 1520 ! Eh oui, leur lignée viticole a pris racine plus d’un demi-millénaire avant que je n’ai eu la (fabuleuse) idée de lancer mon blog. D’ailleurs, Rémy Gresser, l’homme derrière le domaine, n’est pas simplement vigneron. C’est une figure emblématique, passionnée par sa terre et un fervent ambassadeur des vins de terroir alsaciens.

Ce qui m’a frappé dès mon arrivée, c’est son attachement à la biodynamie. Depuis les années 2000, le domaine s’est engagé dans une agriculture respectueuse de son écosystème. C’est bien plus qu’un label ou une certification ; c’est un art de vivre. Pas de pesticides chimiques, une utilisation raisonnée des ressources naturelles, bref, un respect des cycles naturels qui se traduit directement dans la qualité de leurs vins. Leur engagement a même été reconnu par la certification Demeter, gage d’un travail en biodynamie de grande qualité.

Ce qui distingue Rémy Gresser, c’est la richesse et la diversité de ses terroirs. Ma visite m’a permis de découvrir en détail quatre Grands Crus emblématiques produits sur leur domaine. Chaque verre racontait son histoire, inscrite dans la géologie et les microclimats d’Andlau :

• Kastelberg : Ce cru repose sur un substrat de schiste du Dévonien, offrant des vins d’une grande précision et élégance. Lors de ma dégustation, leur Riesling du Kastelberg 2012 m’a marqué par sa minéralité tranchante et son potentiel de garde exceptionnel. L’acidité présente donne au vin une fraîcheur inouïe, parfaite avec des fruits de mer.
• Moenchberg : Ce terroir argilo-calcaire donne naissance à des vins onctueux et généreux. Leur Gewurztraminer du cru 2013 était un véritable bouquet d’arômes exotiques et épicés – mangue, cardamome, litchi : une explosion au nez !
• Wiebelsberg : Un sol sablonneux qui donne des Rieslings délicats et floraux. J’ai pu goûter leur millésime 2010, qui, malgré ses années, présentait une belle fraîcheur et des notes de pierre à fusil.
• Brandluft : Un coup de cœur personnel ! Ce lieu, dont le sol est riche en calcite, produit des vins aux saveurs fruitées et rondes. Le Pinot Gris dégusté ce jour-là était d’une pureté exceptionnelle.

La force de Rémy Gresser ? Leur capacité à capturer la singularité de chaque terroir dans leurs bouteilles. Il faut souligner que chaque Grand Cru révèle un profil distinct. Pas de standardisation ici : on laisse s’exprimer le caractère de chaque parcelle.

Lors de ma rencontre avec Rémy Gresser – l’homme lui-même – une phrase de sa part m’a interpelé : « Travailler la vigne, c’est révéler l’âme du sol et la rendre buvable. » Tout un programme, non ? Entre deux gorgées, j’ai aussi découvert sa passion pour le vin comme vecteur de partage et de convivialité.

J’ai eu le bonheur de participer à une session de dégustation assez peu conventionnelle. Première surprise, ici, on ne boit pas debout à côté des cuves. Non, non ! Gresser a mis en place un espace paisible, mêlant convivialité et introspection. Les bouchons volaient, les verres tintaient, et mon sourire s’élargissait à mesure que chaque vin me racontait son histoire.

Ce qui était aussi fascinant, c’est l’approche presque éducative de Rémy Gresser. Il vous apprend à écouter le vin. Oui, vous avez bien lu. Avec lui, pas question d’expéditions hâtives au palais : on hume, on contemple, on dialogue avec les arômes. Il voit dans la dégustation un acte de méditation, presque philosophique. J’ai compris ici que le vin, c’est à la fois une science et un art, une bouteille renfermant mille secrets à deviner.

Comme tout grand voyage oenologique, ma visite chez Gresser a eu son lot d’anecdotes savoureuses :

• Le tonneau facétieux : Selon Rémy, l’un de ses foudres semblait maudit. Chaque fois qu’ils le remplissaient, un incident arrivait : fuite mystérieuse, chêne craquant à des endroits improbables… Il en plaisante encore, mais a fini par le convertir en simple objet décoratif !
• Un vin baptisé par les abeilles : Lors de l’élaboration d’un de leurs vins moelleux, une colonie d’abeilles s’était installée près des cuves ouvertes. Plutôt que de s’en débarrasser, Rémy a simplement décidé d’appeler ce vin la « Cuvée des abeilles ». Le nectar, paraît-il, en garde aujourd’hui un charme unique.

Ce genre d’histoires humanise le vin, vous ne trouvez pas ? Cela montre que derrière chaque verre, il y a des péripéties joyeuses, parfois rocambolesques. Quoi qu’on dise, le vin, c’est avant tout une aventure humaine !

Pour terminer, si vous passez en Alsace – ce que je ne peux que vous recommander chaudement, surtout si vous aimez les paysages enchanteurs et les restaurants à tartes flambées –, le domaine Rémy Gresser est une étape incontournable. Que vous soyez néophyte ou amateur éclairé, leur hospitalité et leurs vins sauront vous séduire. J’en suis reparti transformé, avec quelques bouteilles sous le bras et une irrésistible envie d’y retourner.

Alors, chers amateurs de vins et de bonnes histoires, prenez un billet pour Andlau. Partez à la rencontre de ce domaine unique que le temps a enrichi, où la tradition et la nature cohabitent en harmonie. Et qui sait ? Peut-être y croiserez-vous un jour un certain Jean-Pierre, un verre à la main, et prêt à trinquer avec vous !