Cette série de billets est issue de l’ouvrage encyclopédique du chanoine Médard Barth publié en 1958 « der Rebbau des Elsass » ou « Le vignoble d’Alsace », ouvrage de référence en matière d’Histoire du vin d’Alsace.
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(page 109 et +) Médard Barth évoque la beauté du métier de viticulteur, son art, et la reconnaissance du métier au 12ème siècle, époque à laquelle le chanoine de Boersch date l’émancipation du viticulteur comme un indépendant. Mais il cite le viticulteur (vinitor) comme profession reconnue pour son savoir-faire déjà par la Lex Salica promulguée sous Clovis (481-511).
Il faut donc plus précisément parler du vigneron, même si la frontière des tâches était bien moins précise autrefois, les métier n’étaient pas découpés comme de nos jours.
On y précise notamment que le meurtre d’un viticulteur est doublement puni que celui d’un valet ! Les historiens du vin d’Alsace situent généralement le début de l’âge d’or du vin d’Alsace au tournant du millénaire, et nous savons que Charlemagne portait le vin en haute estime, mais même Clovis y prêtait une haute attention, donc, un demi siècle plus tôt.
Le prestige du métier de viticulteur, était grand à travers tout le Moyen Age. Les propriétaires, souvent des institutions religieuses, contractaient avec des fermiers des contrats de location perpétuelle : perpetuam hereditatem, un fermage transmissible aux descendants d’où proviennent d’ailleurs des lois d’usage encore en vigueur dans le fermage actuel.
Dans un contrat que l’abbaye de Marmoutier passait avec deux habitants de Quatzenheim en 1170, on apprend que 4 acres de la propriété de l’abbaye doivent être cultivées de vigne. Pendant les 10 premières années le vigneron avait la pleine jouissance du fruit de la viticulture, et à partir de la 11ème année il devait livrer la moitié de la récolte à l’abbaye. C’est considéré actuellement comme étant l’âge minimal pour produire un grand vin sur une parcelle.
Mais le vin étant un produit à forte valeur ajoutée, les propriétaires, Seigneurs, évêchés et Abbayes, tentaient de contrôler tout ce petit manège, souvent en vain. Nous verrons cela lors du prochain épisode …