Le vin est issu de trois familles de professionnels du vin. Les points forts et points faibles des trois familles du vin pour le consommateur que je suis …
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Le vin continue de cultiver l’image d’un vieil homme sage aux mains calleuses qui fait du vin dans sa cave dans des vieux tonneaux, avec pour seule arme son amour de la terre et la connaissance transmise de génération en générations…mais la réalité est toute autre. Aborder cette autre réalité impose de connaitre les trois familles professionnelles du vin.
3 familles dans le vignoble :
- Les vignerons: on dit parfois « vigneron-récoltant », ce sont des propriétaires de vigne qui cultivent leurs vignes (et celles qu’ils louent), ils vinifient et vendent leur propre production, à l’image du maraîcher qui vient vendre ses propres tomates et salades sur le marché. Ils sont très souvent affiliés aux « Vignerons Indépendants », qui comptent 700 adhérents en Alsace ; Ce sont généralement des petits producteurs, qui exploitent en moyenne … 10 hectares selon leur syndicat mais ça me semble beaucoup; Evidemment ce ne sont généralement pas des « petits » vignerons qui travaillent tout seuls, pour la plupart ils font travailler des ouvriers.
- Part de marché : 20%, près de 90% des ventes sont faites en France.
- Points faibles : Ils manquent souvent de compétences en matière de travail en cave, qui a beaucoup évolué ces 20 dernières années. On ne fait plus du tout du vin comme les grands pères. Du coup on y trouve beaucoup de vins très moyens.
- Points forts : Ils produisent le raisin et le vin qu’ils veulent, et ils ont le choix de produire une matière première (le raisin) de grande qualité. De fait on y trouve les plus originaux des beaux vins.
- Pour l’amateur : Il faut choisir très minutieusement ceux qui maîtrisent leur métier. Seuls quelques-uns (moins de 50) sont dignes de confiance. Faire attention aussi aux vins « nature » pas toujours maîtrisés, qui sont aussi situés dans cette catégorie.
Les caves coopératives: Elles sont encore 11, elles étaient des dizaines. 2700 viticulteurs (donnée 2011) font pousser le raisin et l’apportent à leur cave coopérative. Là-bas des salariés vinifient puis vendent le vin. Exemples connus par les amateurs : Wolfberger, Cave de Ribeauvillé.
- Part de marché : les caves coop représentent 40% du marché du vin, et 30% des Grand Crus, sur un marché essentiellement national.
- Points faibles : Les coopérateurs ne sont souvent pas des professionnels de la vigne, et même s’ils doivent suivre des cahiers des charges, n’arrivent souvent pas à fournir des matières premières (le raisin) de grande qualité. A l’inverse, la coopérative est obligée de prendre les raisins de ses coopérateurs ;
- Points forts : Ils disposent d’infrastructure de cave modernes et d’œnologues professionnels. De fait on y trouve des vins techniquement bien faits.
- Pour l’amateur : Ça manque de belles matières premières, du coup on a affaire à des vins légers et standardisés, sans vraie personnalité. Peu d’intérêt pour l’amateur.
Les négociants qui, comme le terme l’indique, achètent du raisin auprès de 2000 viticulteurs ou vignerons, le vinifient puis le vendent. Ce sont 34 entreprises qui sont généralement aussi propriétaires de vignes. Exemples : Hugel, Trimbach
- Part de marché faibles : 34 entreprises, 40% de part de marché, ils représentent 50 % des exportations de vin d’Alsace, et 30% des Grand Crus.
- Points faibles : On trouve de tout, il ne faut pas déroger aux règles et viser les quelques « bons » négociants.
- Points forts : Ils disposent d’infrastructures modernes et d’œnologue professionnels triés sur le volet, ils sont libres de choisir les matières premières (raisins) les plus belles, et libres d’orienter la production des vins sans tenir compte des volontés de leurs « apporteurs ». On y trouve beaucoup de vins très bien faits, et quelques-uns des vins phares du vignoble. Cette famille professionnelle exporte beaucoup, elle est donc confrontée à un haut niveau d’exigence.
- Pour l’amateur : Des valeurs sûres. Les amateurs connaissent tous les négociants qui produisent quelques-uns des plus beaux vins d’Alsace, dans un style plus résolument classique qui ramène toujours aux fondamentaux.
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Ces trois familles professionnelles représentent des grosses entreprises et aussi beaucoup de familles. Elles évoluent soit dans un marché local, ou sont confrontées aux marchés d’export ; Vendent beaucoup à des restaurants ou pas du tout ; Sont confrontés à l’obligation prioritaire d’écouler leurs stocks chaque année tandis que d’autres sont des artistes du vin qui sont parfois très demandés ; etc … à chaque fois, ce sont des exigences différentes, des intérêts différents et divergents même. On imagine sans mal les querelles que ça génère.
Chaque famille professionnelle s’adresse à sa famille de consommateurs. Le vin est un produit comme un autre qui se décline en catégories, comme le thé ou les vélos par exemples, on trouve le bas de gamme (en supermarché) et le top (en magasin spécialisé). On ne s’étonne donc pas vraiment que l’amateur de vin ne parle pas des vins de supermarché, tout comme l’amateur de quelque passion particulière ne fait pas de comparatif de produits de supermarchés.
Cependant, les amateurs de vin ont parfois tendance à dénigrer systématiquement les vins des grosses structures, reprenant parfois à leur compte le discours de certains petits vignerons hargneux. J’en faisais évidemment partie, mais c’est une erreur.
Pour l’amateur, pour ne pas se tromper on ira dans les grandes maisons de négoce; Puis dans les structures familiales de vignerons qui vendent beaucoup à l’export, garantie d’un suivi qualitatif par l’exigence des clients étrangers ; Enfin, l’amateur évitera les vins dont les prix s’envolent, il en existe d’autres qui offrent des rapports qualité / prix autrement plus corrects.
Enfin, les caves coop n’apparaissent presque pas dans les caves des amateurs de bons vins, ça n’est pas du dénigrement mais simplement une conséquence. Je vais néanmoins en parler bientôt … A suivre …