Cette série d’articles m’a été inspiré par un joli livre « le Vin dans l’Art » de Montserrat Miret, publié chez Glénat en 2005.
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Pour commencer, plongeons dans les racines de notre civilisation, celles de Sumer et de la Mésopotamie, le croissant fertile, dans une région qui est actuellement en trouble.
Entre tigre et euphrate, dans l’actuelle Irak,le croissant fertile, berceau de notre civilisation
Les Sumériens, inventeurs de l’écriture normalisée (alphabétisée), inventeurs de la sculpture, étaient, pour avoir été si brillants, des peuples intelligents et évolués.
Par exemple, les femmes avaient pleinement leur rôle dans ces Cités-Etats, parfois Empires éphémères. Ainsi, en 2450 avant JC, la première femme à accéder à la fonction de gouverneur s’appelait « Ku-baba », du nom d’une divinité, ce qui signifie comme vous le savez « marchande de vin » ou « femme des vins » (cette « Ku » n’était donc pas bête …comprenne qui pourra…) . Elle fut la Reine d’une dynastie qui dura cent ans. Et considérant que les régnants étaient à l’époque aussi des divinités, voici donc également une divinité féminine…une pierre dans le jardin de notre vanité, une !
Ku-baba
L’art sumérien n’avait pas l’intention d’être représentatif d’un régime, mais voulait d’abord exprimer la beauté, et s’adresser aux Dieux aux travers des représentations. Ainsi la représentation de vin signifie-t-elle que ce breuvage était important à leurs yeux.
Ailleurs, les tablettes en écriture cunéiforme (textes de comptable du palais d’Ebla, Syrie) nous renseignent sur les quantités de vin qu’un Roi distribuait à ses ingénieurs en salaire de leurs ouvrages. Tu imagines si tu étais payé d’une quille de Romanée Conti à la fin de l’année ?…
l’écriture cuneïforme des tablettes d’Ebla
Cette époque est significative de représentations du vin, et l’on peut clairement et régulièrement constater que l’on fêtait les victoires militaires au vin et que les moments de plaisirs étaient accompagnés de vin (étendard Royal d’Ur, première moitié du 3ème S av JC -British Museum )
Etendard Royal d’Ur
Dans la magnifique époque Babylonienne (2004-1595 av JC), les jardins suspendus étaient en fait des treilles sur lesquels grimpaient la vigne (bas-relief en albâtre du palais d’Assurbanipal, british Museum). D’ailleurs plus tard, Hérodote nous racontera que l’on apportait le vin à Babylone par l’Euphrate, donc en quantité !
sceau-cylindre figurant le commerce du vin
Le célèbre code d’Hammurabi (1753 av JC) nous donne quant à lui des éléments supplémentaires. La stèle la plus connue de Mésopotamie, texte fondateur de l’histoire du droit, relate notamment la réglementation du commerce du vin.
La stèle la plus connue de Mésopotamie, datant de 1753 av JC, est le texte de loi le plus utilisé puisqu’il fut utilisé pendant plus de 1000 ans, et ses fondamentaux nous sont toujours familiers.
Les lois qui y sont rassemblées – en écriture cuneïforme – sous forme d’exemples de la sagesse royale, touchent aux apports qui unissent les groupes sociaux, la famille, l’ armée, la vie religieuse et la vie économique.
Les « articles » régissent notamment la hiérarchisation de la société, une certaine « protection sociale », la notion de prix et de salaire, la responsabilité professionnelle, le fonctionnement judiciaire etc…autant de notions encore bien actuelles….
le code Hammurabi
Une autre civilisation de splendeurs, les Hittites, nous a laissé la représentation d’un Dieu des vignes, dieu de la fécondité qui donne aux hommes le blé et le raisin (bas relief d’Ilbriz, Irak). Les coupes parfaites indiquent leur grand intérêt pour le vin.
… et pour ceux qui pensent encore qu’à cette époque l’homme était un pauvre imbécile voici quelques ouvrages d’art de la vie quotidienne des Hitittes (entre le 26 ème et le 8ème siècle av JC, quand même) : faites-ça avec leurs outils et revenez ensuite avec votre arrogance…