VINS RHENANS ALLEMANDS ET d’ALSACE QUELLES DIFFERENCES ?

 Après avoir dégusté vins blancs de type rhénan des deux côtés du Rhin, et visité des domaines allemands et bien entendu alsaciens, quelles premières impressions peut-on tirer de ces confrontations ?

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POUR LES PRESSES : A considérer les qualités intrinsèques des vins de type Rhénan allemands et alsaciens, c’est à dire un vin blanc sec et aromatique de type « Riesling », les vins allemands sont nettement devant les alsaciens. La principale raison en est la différence d’organisation des filières, paysanne en Alsace, orientée produit en Allemagne…
 

Un vin commun : le vin Rhénan
C’est le climat qui définit en premier lieu le style général d’un type de vin. Les vins d’Alsace et d’Allemagne suivent le modèle du vin « Rhénan » : Blanc, sec, vif, aromatique, avec quelques raretés moelleuses. C’est comme ça depuis très, très longtemps.  De plus, la mode est de nos jours au vin de cépage.

Les structures viti-vinicoles


Nous abordons là certainement déjà la pierre angulaire des différences qualitatives entre les vins allemands et alsaciens.

D’un côté, les vins allemands sont aujourd’hui issus d’une refonte globale des structures viti-vinicoles au service de la qualité du vin, les alsaciens continuent à cultiver une organisation paysanne.

Tandis que l’Alsace compte encore 20% de vignerons metteurs en bouteille, en Allemagne ils ne sont plus que 12%, et 72% des viticulteurs allemands sont coopérateurs. Les allemands ont d’abord réduit les coûts en les mutualisant au sein de coopératives structurées et bien organisées, ou alors en agrandissant leurs volumes s’ils sont restés indépendants.

L’Allemagne a réparti les rôles et spécialisé les métiers. Le viticulteur viticultive, l’oenologue oenologise, etc…Le vigneron Français, lui, exploite une petite surface, est à la fois viticulteur, œnologue, metteur en bouteille, commercial, gérant…ça fait beaucoup.

Mais le fait que cette organisation perdure prouve que les vignerons alsaciens sont certainement bien portants et n’ont pas besoin de mutualiser leur organisation.

Un niveau de qualité du vin nettement défavorable à l’Alsace

Viticulture, vinification, mise en bouteille, étiquetage, choix de la bouteille, choix du bouchage…. Les allemands ont compris depuis longtemps que le vin est devenu un produit, un produit de loisir même, les alsaciens ont encore souvent une approche artisanale du vin. Et l’artisanat n’est pas toujoursun terme mélioratif…

La réglementation allemande et la classification des différentes appellations est plus ouverte et plus lisible, tandis que les alsaciens sont engoncés dans les contraintes de l’appellation d’origine contrôle « Alsace ». C’est un premier handicap sérieux pour les alsaciens.

Ensuite, la viticulture allemande est très homogène. Rien ne dépasse, ils suivent tous les mêmes méthodes culturales « efficaces ». Côté alsacien, on trouve plus de diversité … mais il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir que chacun essaye de faire au mieux, et que la diversité n’a souvent rien de très étudié.

En Allemagne, le petit viticulteur n’a plus de cave et on visite des caves « industrielles » tenues par des ingénieurs chimistes œnologues. Côté alsacien, le petit vigneron n’a pas les moyens industriels de tenir une cave aussi rigoureuse.

Les volumes allemands sont plus conséquents et on peut alors établir une cohérence dans la hiérarchie des vins qu’on va présenter, en jouant sur les volumes. Côté alsacien, le petit vigneron ne dispose pas de la quantité suffisante de matière première pour réguler ses cuvées.

Lors de la mise en bouteille, il faut adapter la qualité de la mise au marché visé. Pour du vin de consommation courante, une bouteille verte et un bouchon synthétique suffisent.  Pour les vins de qualité supérieure, c’est bouteille opaque, col long impératif, et un bouchage hors pair (liège de qualité ou alors diam ou capsule à vis). Les allemands sont nettement plus cohérents,  et les mises en bouteille sont sous le contrôle strict de vrais industriels. Côté Français, on voit régulièrement des inepties, et les vignerons se contentent trop souvent d’une mise en bouteille trop « légère ».

La commercialisation du vin allemand est nettement plus structurée aussi, plus affutée, tandis que les nombreux petits vignerons alsaciens sont très dépendants du marché national …enfin surotut celui du quart Nord-Est.

Au final, le combat est inégal, et dans les registres des arômes et des goûts, les vins allemands sont nettement en tête (j’exclue le vin de niche). Côté Est du Rhin, on dispose très souvent d’une base de vin nette, au goût lisible. Côté alsacien, le nombre de vins dont la bouche « flotte » et dont les arômes ne sont pas nets est nettement supérieur.

Heureusement, côté Français, quelques grands négociants et quelques caves coopératives sauvent l’honneur alsacien, avec des qualités qui sont alors à l’égal mais souvent supérieures aux productions allemandes. Ce sont aussi eux qui font vivre le vignoble Alsacien et exporte un vin de belle qualité.

Donc ?

En adaptant le niveau qualitatif au marché visé, les allemands ont déployé des forces de vente pour écouler des vins répondants aux exigences du marché moderne : des vins nets, compréhensibles et « lisibles », proprement conditionnés, dont le prix est en rapport avec le niveau qualitatif et avec la réputation, donc en phase avec ce que la clientèle visée veut donner.

De l’autre côté, les alsaciens, profitant d’un tourisme généreux mais dont les choix stratégiques sont parfois d’un autre âge. Les « petits » vignerons font encore chacun dans son coin un vin qui leur revient « cher », qu’ils vendent le vin en vrac ou pas. Ils rament de plus en plus pour écouler leur vin par leurs propres moyens et sont de plus en plus dépendants du négoce. En coopérative, ils sont parfois stratégiquement mal orientés. C’est heureusement le négoce qui fait vivre le vin d’Alsace.

L’exception Française : le vin de terroir

J’ai dégusté quelques-uns des vins classés soit parmi les 100 ou même les 30 meilleurs vignerons allemands…bon, j’attends toujours… les exceptions sont encore plus rares que chez nous, et mis à part les grands moelleux de la vallée de la Mosel, les vignerons allemands offrant un vin à potentiel de vin complexe et de garde n’ont pas encore assez d’ancienneté pour arriver aux chevilles du top 50 alsacien qui propose des grands vins de terroir.  A tel point qu’en Allemagne, on pense très sérieusement que le vin de terroir est une invention de marketing.

Dans ce domaine, l’Alsace offre quelques grands vins, et une bonne quarantaine de belles maisons sur un petit territoire, peu cher que ça compte tenu de sa qualité intrinsèque.On ne saurait donc une fois de plus conseiller à l’amateur de ne pas acheter du vin n’importe où, et de suivre la piste du bon vin…

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2 commentaires pour VINS RHENANS ALLEMANDS ET d’ALSACE QUELLES DIFFERENCES ?

  1. Marc A. dit :

    Si il y a des différences qualitatives moyennes entre vin allemand et vin alsacien (et encore le vin moyen allemand, ça vole pas bien haut. Je ne pense pas que la coop. Ortenau en Baden sorte des « produits » plus intéressants que la coop de Bestheim en Alsace. Au contraire), je ne suis pas d’accord dur les causes que vous avancez.

    Ce n’est pas l’approche industrielle, l’approche produit, etc qui tirent la qualité vers le haut quand les aspects « artisanal » et « paysan », la diversité, l’amateurisme, seraient des boulets qualitatifs.
    La France du vin, dans toutes les régions est artisanale, composée de petites structures, paysannes etc… elle fait pourtant du vin très hautement qualitatif (pas que, on est d’accord) et recherchés dans le monde entier… si l’Alsace n’y arrive pas le problème est sûrement intrinsèque. Et à mon avis, il y a bien trop peu de mouvements, notamment au niveau intellectuel, dans cette région (et pas que dans le vin) pour que ça s’améliore de suite.

    Bonne continuation.

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    • Merci pour votre commentaire, je suis d’accord avec vous. Bon, je n’aurais pas forcément utilisé le terme d’immobilisme intellectuel mais je vois ce que vous voulez dire par là. L’Alsace est encore trop bien nourrie pour se remettre en cause.

      Les vins des structures dites industrielles sont des « produits » standardisés, cependant je donne un net avantage aux vins allemands qui annoncent la couleur avec des normes chiffrées sur ce qu’est un vin sec, demi-sec etc… (même si cette mention ne reflète pas forcément la sensation perçue). Ce sont des vins simples, qu’il faut prendre comme tels. Dans cette catégorie je préfère les vins allemands, sans aucun doute, de préférence des coopératives.

      La version grands vins de terroir Français recherchés dans le monde entier … ne concerne que quelques centaines de maisons !

      Mais ils sont encore des centaines de milliers de familles, du monde artisanal, qui vivent directement de la vente du vin mais dont les vins ne font pas partie de ce monde des vins recherchés. Ce sont eux aussi qui empêchent les corporations de se remettre en cause. Pourtant ce sont ces familles-là qui ont le plus intérêt à sauver leur avenir, mais à quoi bon puisqu’il sont assis sur des montagnes d’argent constituées par les aïeux, je nomme le prix du foncier dans une région où le terrain est rare dans un pays où on n’a plus envie de se casser le c… à travailler dehors et à créer quoi que ce soit …

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