Toutes les régions viticoles produisent des grands vins. Certaines plus que d’autres, certaines trop même (les grands vins qui ne les valent pas ou plus).
Mais pourquoi certaines régions de vin sont-elles immédiatement reconnues comme sources de grands vins, et pas d’autres ?
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Les recettes ne sont pas identiques.
En Bourgogne, la réputation des grands vins est basée sur la notion de terroir. Les grands crus bourguignons s’appellent par leur nom de lieu-dit : Bonnes Mares, Romanée Conti, Montrachet, etc…
Dans le Bordelais, la réputation est basée sur le nom du » château « , le nom de la propriété en somme, plus que sur la notion d’appellation. On connaît alors les châteaux Mouton-Rothschild, Latour, Yquem, Haut-Brion etc…
En Champagne, c’est le seul nom » Champagne » qui vaut à lui seul entre 15 et 30 euros, ce qui est un succès incroyable quand on pense que la plupart des consommateurs estiment qu’au-delà de 6 euros, un vin est déjà un vin cher.
Points communs aux vignobles réputés et aux autres
La réputation a des points communs, et la non-réputation aussi.
Dans les vignobles réputés, on cultive depuis longtemps une image de prestige et de qualité. Bordeaux, Bourgogne, Champagne. Les grands dîners, les évènements prestigieux, l’image culturelle diffusée dans les livres, les films, les médias en général est liée à ces régions viticoles quand on parle de vin.
Dans les vignobles sans réputation de grand vin, le point commun est un nivellement vers le bas de l’image collective émise. En Alsace par exemple, on continue d’exploiter la notion de vin de cépage à tout va et on n’a toujours pas défini les caractéristiques des grands crus, et ensuite, la forme des bouteilles, les étiquettes et les lieux de diffusion sont bas de gamme. etc…
Dans les vignobles réputés, la politique tarifaire est ambitieuse et exigeante, et les professionnels exploitent vraiment les diffuseurs de vin comme des diffuseurs d’image prestigieuse. Dans les vignobles sans réputation, la politique tarifaire est à court vue, ils se privent des diffuseurs de réputation (et en plus, se plaignent).
Ainsi, un sommelier de restaurant préfèrera « vendre » un accord met et vin sur un vin blanc de bourgogne au lieu d’un grand Alsace, parce qu’il va engranger une marge sur le prix de vente, tandis que les vignerons alsaciens à la vue courte ne voient pas l’intérêt de pratiquer des prix pros » intéressants » (pour le sommelier) qui permettraient à leurs vins de se vendre comme des grands vins. Idem pour les cavistes.
C’est comme ça que la Savoie, le Languedoc ou l’Alsace possèdent quelques « noms » dont les grands vins peu chers sont connus des seuls amateurs très éclairés, tandis que les grands bourgognes ou grands bordeaux hors de prix sont connus d’un très grand nombre de gens qui n’en ont jamais goûté !
Mais il n’y a pas de secret, un grand vin peut être aussi grand qu’il le peut, si l’on ne bâtit pas une réputation, il ne sera jamais reconnu comme tel.