La montée sur le château du Bernstein depuis la Chapelle Saint Sébastien de Dambach-la-Ville offre dans la matinée une succession de parfums d’une incroyable densité…sans vin !
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Un matin d’été. Le soleil s’élève sur la plaine d’Alsace. Il fait déjà chaud. La forêt attend, elle, et se protège sous ses ombres salvatrices. Le nez au vent, j’avance doucement. C’est là que les parfums s’élèvent, quand le soleil touche sa cible, quand l’humidité est diluée dans la chaleur sèche…
Chaque espèce d’arbre diffuse ses propres parfums.
Ici, le parfum puissant de l’épicéa rouge, très typé, l’arôme de sève fraiche est adoucie par une douce odeur de fleurs délicates.
Là, le Douglas, avec ses extraordinaires arômes ! Sur une trame de cardamome, d’autres épices orientales viennent s’y mêler, elle est accompagné d’une douceur exquise venue des îles… Son parfum est complexe, singulier, envoûtant, je m’y arrête pour tenter de garder en moi cette fragrance.
Là-bas, c’est une douce et petite odeur de bois brûlé qui embaume un autre coin de la forêt, comme si des forestiers faisaient brûler du bois noble.
Là encore, s’élève une odeur de sous-bois, d’humus, de torréfaction douce.
Encore plus loin, un très délicat mais sensible arôme de fleurs s’étale sur un bout de chemin.
Sur le chemin du retour, on retrouve ces odeurs, sous une forme évoluée, souvent déjà atténuée par la chaleur qui entre temps a monté d’un cran. Mais apparaissent aussi de nouvelles fragrances, comme ce petit bout de chemin plus exposé au soleil où les herbes sèches dégagent leur belle odeur d’herbe grillée par le soleil, de terre chauffée, sur un lit d’arômes du Sud …
… j’ajouterai un endroit où l’on sentait nettement des parfums animaux, faits d’odeurs de fourrure, faisandées, de boite à cigare, des « odeurs rouges » ! … odeurs non pas issues du monde végétal, mais odeurs animales laissées par du gibier qui a dû passer la nuit à proximité du sentier…
Voilà ce qu’on peut sentir sur ce chemin des sens, pour peu que les sens sont en mode » ouvert « , chaque parfum laisse alors une trace dans la mémoire olfactive, trace qui porte en elle le moment, le lieu, l’humeur, le contexte, en bref tous les paramètres du vécu, de façon naturelle et sans efforts … le seul effort étant de grimper la pente 🙂
Vous trouverez dans beaucoup de forêts un festival des sens, de préférence le matin au printemps, en été et puis en automne pour des visages différents sur chacun des parcours. D’autres vous parleront de façon plus scientifique que moi de botanique, ou encore de la faune, etc… en tout cas, la nature offre gratuitement des flopées de sensations !
Bonne promenade des sens !