Visite au Domaine Bimmerle dans le Pays de Bade voisin
où l’accueil et les vins m’ont beaucoup plu…
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- Bimmerle Weingut Hall d’Accueil
Domaine familial depuis 1936, la famille Bimmerle est un négoce qui exploite les raisins de 70 hectares de vignes qui appartiennent à 40 viticulteurs. Elle fait partie des 100 premiers domaines viticoles d’Allemagne, qui est en quelque sorte mon guide pour mes visites Outre-Rhin, sans exclusive cependant.
Tout dans le travail de cette maison de négoce respire la recherche de la qualité, à l’image des grandes maisons alsaciennes comme Hugel…
Une source d’approvisionnement suivie à la trace
Cette maison de négoce suit à la culotte les travaux des viticulteurs qui lui livrent leurs raisins, via un Manager Qualité qui est l’interlocuteur des vignerons dans tous les gestes du viticulteur, M Alexander Spinner. Car ici on l’a compris, le bon vin se fait d’abord à la vigne, avec une matière première de bonne qualité. Avec un Manager en viticulture, voilà une manière intelligente d’appliquer à échelle plus large des principes qualitatifs élevés et compris de tous, avec un support au quotidien qui va donc bien au-delà d’une charte écrite qui n’a pas souvent de réalité réelle, avouons-le
Un chai qui permet de poursuivre le but affiché
Dans les nouveaux chais construits voici 3 ans seulement, c’est l’œnologue M Thomas Hirt qui veille au grain dans des locaux conçus de manière intelligente.
Le nouveau chai est respectueux de l’environnement, avec ses panneaux solaires sur l’intégralité du toit, il produit plus d’électricité qu’il n’en consomme. Je n’ai pas bien compris comment le bâtiment est construit, mais bien qu’il ne soit pas enterré, il n’est ni chauffé en hiver ni climatisé en été. L’ergonomie est assez poussée, et les tâches sont toutes séparées.
Le circuit des raisins est optimisé : tous les raisins sont cueillis à la main, l’arrivée au pressurage se fait par gravitation, et même le remontage de la macération du vin rouge se fait sans intervention humaine, ni pigeage ni remontage ne sont effectués, c’est en jouant avec la pression dans la cuve de fermentation que l’on va réaliser un douce remontage sans intervenir, seulement en relâchant la pression.
La suite des opérations est optimisée : un premier local…hall est dédié à l’élevage, avec d’une part les barriques de neuves ou de 3 ans d’âge pour accueillir certains rouges, et une armée de cuves inox thermo-régulées de dimensions réduites pour pouvoir scinder les cuvées et les déclasser le cas échéant.
Les opérations de mise en bouteille, de packaging et l’expédition se trouvent dans un local séparé. Soucieux de la qualité de la mise en bouteille, on utilise ici de la capsule à vis pour les premiers vins, du bouchon DIAM pour les cuvées plus ambitieuses et encore quelques lièges pour certaines cuvées plus confidentielles.
Une Carte typique des vins Rhénans … mais allemands !
Faut le louer : Tous les vins sont indiqués avec leur perception de sucre. C’est quand même plus pratique de savoir si on a affaire à un Riesling sucré ou sec ! Que les alsaciens n’aient toujours pas saisi cela me désole.
En Allemagne la mention sec, demi sec ou moelleux n’est pas libre, elle est strictement réglementée. Chaque mention est la résultante des indices mesurés des sucres résiduels et de l’acidité…
La carte Bimmerle précise pour chaque vin le degré alcoolique, les sucres résiduels et l’acidité (en g/l).
Mais comme en Alsace, la carte d’un domaine viticole allemand est … longue, et ici aussi, certains vignerons craignent qu’elle soit trop compliquée tout en louant le fait qu’on pourra trouver à chaque plat ou occasion son vin sur la carte de la maison…cruel dilemme que celui-là que se partagent les deux rives du Rhin…
Ici non plus, il n’existe pas de vin local qui représenterait l’identité du vin rhénan, par exemple par un assemblage propre, mais une suite de vins classés par cépages, et le terroir n’est pas non plus une mention mise en avant.
Côté cépages, on retrouve ici un échelonnement moins complexe que du côté Alsacien, avec 9 vins de cépages, parfois déclinés chacun en plusieurs qualité (Qualitätwein, Kabinett…) et en différents degrés de type de perception (trocken, halbtrocken…), sans parler des mises plus fréquentes en demi-bouteilles ce qui est plus pratique mais qui complique encore le choix….
Différences notables avec les vins Alsaciens, ici comme dans d’autres maisons rhénanes allemandes, on travaille plus souvent le vin sous bois, avec des réussites inégales il faut bien le dire quand on connait les beaux Bourgognes ; On trouve également plus de vins rouges, et aussi les fameux « vins rouges sucrés » qu’on ne trouve pas en France mais qui ont un franc succès en Allemagne … où l’on accommode également fréquemment les plats de sauces sucrées, ceci justifiant cela.
Enfin, à côté des vendanges en sûr-maturité, on trouve les fameux « sekt » soit en méthode traditionnelle (champenoise), soit en mousseux, qui font un tabac en Allemagne et qui bluffent régulièrement les dégustateurs Alsaciens.
Mais ajoutons que la maison propose également ses propres vins, rares et chers, au nom e la maison et issus d’une viticulture qui recherche la concentration. Là, on entre dans un autre monde, et l’on s’attend réellement à croise la route de grands vins allemands.
Packaging & Conditioning & Labelling & bouching
Choix des bouteilles : Très Bien
Bouchage : Excellent
Etiquette : Très Bien
Accueil et Site Internet
L’accueil se fait dans un local clair et la présentation de la boutique est dans le style qui se fait actuellement dans les maisons qui se respectent.
Le site internet est bien fait, très très riche, une petite encyclopédie pour amateur et amateur averti, avec pleins d’infos sur les vins de la maison, mais aussi des infos générales sur le vin, la réglementation, le bouchage ou bien d’autres choses
Une boutique en ligne permet de commander du vin, les vins sont là aussi tous présentés avec commentaires de dégustation ET données techniques.
MES IMPRESSIONS :
En sortant de la visite : La maison Bimmerle se place dans la catégorie des maisons de négoce à taille humaine. Tout ici est fait pour la qualité des vins, même à partir des cuvées dites de base, pour obtenir la préservation maximale de la qualité des raisins. A ne pas confondre avec les variations inhérentes aux millésimes !
La carte est vaste et belle, l’accueil excellent, et surtout la visite permet de se rendre compte que la maîtrise de la qualité est au service du vin et du client et ne suit pas seulement une logique financière, les Bimmerle restent donc pleinement des vignerons, bravo ! L’humanité de la structure est palpable et l’on se sent tout de suite bien dans cette structure, merci à la « famille » Bimmerle !
S’il y avait des remarques à formuler, et ce n’est qu’un avis purement personnel :
· * De même que dans le vignoble voisin (Alsace), si la diversité des cuvées est un avantage dans les cuvées supérieures, je ne vois toujours pas l’intérêt de disposer d’une multitude de cuvées de base qui de toutes façons sont issues de raisins cultivés à haut rendement et qui d’un point de vue gustatif parlant ne se différencient pas vraiment sinon sur la mention du cépage et l’équilibre gustatif. Ici aussi, pourquoi ne pas proposer en grand volume un vin d’assemblage à l’image du Gentil Hugel, avec un « goût Bimmerle » qui serait fonction de l’encépagement des 40 apporteurs managés par la maison Bimmerle, et peut-être trois variantes de perception gustatives ?
· * La ségrégation des gammes qui pose en Allemagne aussi des soucis de lisibilité peut être contournée dans une grande maison comme Bimmerle avec des catégories maisons comme chez Hugel en Alsace, oui encore eux mais voilà bien un beau modèle.
· * Que la maison Bimmerle n’hésite donc pas à orienter les vrais amateurs de vin sur leurs vins de cuvées (maison), certes plus chères mais c’est ce type de vin qui est recherché par les amateurs de vin ! Et peut-être que la prochaine fois, je pourrai visiter une parcelle de vigne Bimmerle ?