Ces jours-ci a eu lieu la présentation des vins du millésime 2010 au domaine Zind Humbrecht à Turckheim. Déguster un nouveau millésime d’une des plus grandes maisons viticoles de la planète, c’est possible … en Alsace, et c’est un privilège qu’on ne boude pas…
**** publié le 20 Mars 2012 ****************
Zind-Humbrecht est avec quelques rares autres un des top domaines en Alsace, et les vins produits sont régulièrement classés parmi les meilleurs vins blancs de la planète par les grands critiques et oenologues.
J’avais raté les 2009, et la dernière visite, à l’occasion d’une vente de vieux millésimes, m’avait laissé sur des impressions mitigées….mais après cette découverte des 2010, je peux affirmer que je préfère le caractère des vins secs chez Zind Humbrecht…
2010 Chez Zind-Humbrecht
Rappel du Millésime : 2010 sera probablement considéré comme l’un des millésimes les plus extrèmes des dernières années, allant des -26°C de Décembre 2009 à un chaud mois de Juillet. On se rappellera également d’une récolte faible. Récoltés entre le 18 Septembre et le 20 Octobre, les 2010 seront forts en acidité, faibles en pH et mûrs à très mûrs. Comme en 2008, les fermentations étaient lentes, avec des levures faibles, et le rendement moyen s’établissait à 29 hl/ha. La pourriture noble se développait bien pour les raisins laissés sur pied. Comme d’habitude, la conduite en biodynamie a permit d’obtenir un état physiologique parfait du raisin. Les 2010 seront à n’en pas douter des vins de grande garde.
Les vins étaient servis à température ambiante, ce qui, étant donné qu’il s’agit de vins blancs, a géné la bonne appréciation à la dégustation. Certaines qualités du vin disparaissent alors, et d’autres aspects sont trompeurs, notamment la chaleur en température à ne pas confondre avec le taux d’alcool.
Les vins sont habituellement servis sur 5 tables, réparties en 3/4 de cercle dans le caveau. Pour se refaire la bouche entre deux séries, Jacky Quesnot distillait quant à lui ses fabuleux fromages dans le joli caveau voisin, celui donnant vue sur la cuverie (la « foudrerie »).
Les vins
« Zind » est, comme à accoutumée, un vin de plaisir. Le Clos Windsbuhl version vin de table (Chardonnay et Auxerrois dans une proportion de 60/40) est un beau vin, étonnant mais de belle gastronomie, qui possède déjà la grande classe du clos Windsbuhl.
La série de Riesling qui suivait me décevait un peu, il fallait « monter » dans les vins de terroir pour que j’y trouve mon compte, et bien entendu les grands terroirs sont beaux, très beaux. Clos Hauserer et Clos Windsbuhl en tête.
La table des Pinot Gris me réserva quelques belles surprises avec un PG Rangen fabuleux.
La table des Gewurz fut déconcertante, car le premier de la série était un Gewurz « calcaire », qui à ce stade tint la dragée haute à tout ce qui suivi … jusqu’au Gewurztraminer Clos Windsbuhl, magistral.
Nous avons terminé par la table des vins de grande maturité, où Olivier Humbrecht himself servait. Il suffit de lui poser une question pour le voir ensuite déclamer longuement une science qui semble d’une logique et d’une simplicité effarantes. Merci Maestro ! Côté vins, le Riesling VT Brand me laissait muet, tant il est (déjà) magnifique.
Un privilège…alsacien…
…une fois de plus et je me répète, il est difficile d’appréhender la qualité intrinsèque d’un jeune millésime, surtout des vins d’un grand domaine comme Zind-Humbrecht, de surcroît quand les vins viennent seulement d’être mis en bouteille comme ce fut le cas.
Alors quel est l’intérêt de ces présentations ? Oui, les bobos s’extasient d’office quand il y a marqué « Zind Humbrecht » sur l’étiquette; Quelques notables qui ne goûtent que les sucres seront déçus des 2010 comme ils l’ont été des 2008; Mais pour l’amateur de vin ?
Oui, pour l’amateur de vin (« qui aime le vin ») la séance n’est pas facile : déguster dans le bruit, à température trop chaude, des vins fraîchement mis en bouteille, ça n’est pas ce qu’il y a de plus fun. Mais il s’agit d’une occasion unique de déguster l’ensemble des vins d’un millésime d’une grande maison, ce qui n’existe pas ou peu dans les autres régions viticoles.
Essayez donc de déguster les grand châteaux bordelais ou encore d’entrer dans le fichier client des grandes maisons de bourgogne…les fonctionnements commerciaux sont différents, ok, mais justement, ils dénotent une mentalité…
Décidément, les vignerons alsaciens ont une grande longueur d’avance en ce qui concerne le respect du client … pourvu que ça puisse servir en ces temps de soupe à la grimace…