Cette série de billets est issue de l’ouvrage encyclopédique du chanoine Médard Barth publié en 1958 « der Rebbau des Elsass » ou « Le vignoble d’Alsace », ouvrage de référence en matière d’Histoire du vin d’Alsace.…
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Dessin de R Kuven également issu du livre de Médard Barth
P170 et + : Guerres et destructions dans le vignoble.
Le vignoble est source de grandes richesses, il est donc attaqué pendant les guerres, objet de destructions pour affaiblir l’ennemi, ou d’appropriation en cas de conquête.
Dans le système féodal en vigueur au Moyen Âge, les conflits entre les innombrables seigneuries, principautés, duchés et leurs multiples strates hiérarchiques faisaient évidemment des ravages dans les vignes.
Rosheim, 1213 : Frédéric de Lorraine, seigneur de (la moitié de) Rosheim par la grâce de l’Empereur Frédéric II qui lui avait confié cette localité, meurt. L’Empereur voulut alors reprendre la ville à son compte, mais il reçut l’opposition de Théobald, fils Frédéric de Lorraine. Quand l’Empereur apprit la nouvelle, il chargea son aide de camp Lamberin d’Ourches de prendre avec lui une infanterie et d’attendre le rebelle dans la vallée de la bruche. Celui-ci ne venant pas, Lamberin alla jusqu’à Rosheim avec ses troupes et ils prirent la ville, alors pas encore fortifiée. Les villageois se réfugiaient dans l’église et les maisons alentours, pendant que les soldats investissaient les caves. En quelques semaines seulement ils burent et mangeaient la récolte de l’année, se démobilisaient, rangeaient les armes dans une grange et profitaient de leur abus. C’est le chevalier Otto de Rosheim, un guerrier aguerri, qui mobilisa les villageois et ordonnait aux hommes de prendre les armes. En quelques heures seulement, la troupe occupante, saoule et négligente, fut mise en déroute, certains purent s’échapper, mais ceux qui étaient restés dans les caveaux furent tous tués sans pitié. Lamberin et quelques rescapés rejoignirent la Vallée de la Bruche, et quand à Wisches l’Empereur apprit la nouvelle de la déroute, il laissa l’affaire en l’état et c’est ainsi que les longtemps après cet épisode dramatique les habitants de Rosheim s’étonnaient de ce que le destin peut subitement se retourner…
Breuschwickersheim, 1261 : Comme dans toute l’Alsace, les caves débordent de vin. Les troupes de la ville de Strasbourg, en conflit avec l’évêque de Strasbourg, investissent le village qui appartient à l’évêché et descend dans les caves tandis que la population est terrifiée. Mais l’évêque envoie ses troupes entraînées et quand il se présente au village assiégé, les Strasbourgeois battent retraite…jusqu’à la quinzaine de soldats restés ivres dans les caves, qui payaient de leur vie leur offense à l’église et à la vigne. Comme quoi, l’abus d’alcool est dangereux …
Strasbourg, 1392 : Parfois ce furent les locaux eux-mêmes qui procédaient par pure bêtise. Ainsi en 1392 à Strasbourg, quand la ville était engluée dans un conflit local, les familles de nobles s’en prirent d’abord au vin qui appartenaient à « leurs » gens, puis s’en prirent au raisin des bourgeois propriétaires de vigne, et il n’y eut même pas de vin à produire cette année. Pire, ils allèrent même jusqu’à démonter les pressoirs pour en brûler le bois dans la ville prise dans les troubles, et s’en mordirent eux aussi les doigts quand ils n’eurent les années suivantes plus de dîme à prélever…
La suite est ici : CLIC
C’est toujours très intéressant de vous suivre et ce billet ne déroge pas à la règle. Avant de vous lire, je n’avais jamais entendu parler du chanoine Barth et encore moins de son incroyable livre. Une mine d’or d’informations dont je vous remercie sincèrement de nous en faire, ainsi, profiter!
Maintenant, c’est avec impatience que j’attends de découvrir vos billets 🙂
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire. En effet le chanoine Barth était un type formidable, passionné du Moyen-Âge et de l’Alsace. Inlassable bosseur, il nous a laissé de nombreux ouvrages, et aujourd’hui et même avec toutes les infos en ligne, je n’imagine pas la somme de travail à fournir.
Au plaisir de vous lire, merci à vous de passer par ce blog 🙂
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Je survole beaucoup de blogs, mais le vôtre fait parti intégrante de ceux dans lesquels je m’immerge régulièrement. Nous partageons l’amour de l’Alsace cet intérêt pour la culture rhénane en général. Je me penche également sur un ouvrage d’un autre religieux, le pasteur Julius August Lutz et son « lllzacher Chronik auf Grund meist ungedruckter Quellen » également très riche en informations étonnantes.
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