Cette série de billets est issue de l’ouvrage encyclopédique du chanoine Médard Barth publié en 1958 « der Rebbau des Elsass » ou « Le vignoble d’Alsace », ouvrage de référence en matière d’Histoire du vin d’Alsace.
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On se demande comment la population arrivait à cultiver les + de 30 000 hectares de vigne en place au 15ème siècle. On mentionne que la population était certainement très dense, d’ailleurs 500 villages ont disparu depuis le Moyen-Âge. Mais la pioche était maniée avec efficacité : un seul homme retournait 5 Ares en une journée.
Cependant, on pense que nombre d’ouvriers venaient du Palatinat, de Souabe, de Bavière pour travailler dans le vignoble alsacien.
Ce besoin criant de main d’œuvre ne manquait pas de poser des problèmes. On dispose ainsi du témoignage du connu Lazarus von Schwendi, qui écrivait le 12 Octobre 1579 :
« Dans les dernières 8 à 10 années le prix des loyers auraient doublé, et les produits de consommation courante ont aussi drastiquement augmenté, et avec tout cela les valets, servantes et journaliers sont devenus exigeants, vaniteux et arrogants. Alors qu’auparavant, pour les jours fériés comme l’Erntegans, ou le Herbstbraten (des fêtes de fin de travaux agricoles) ils se contentaient d’un jour de repos, ils réclament maintenant 3 jours d’oisiveté à la taverne, sans se préoccuper si le vignoble dont ils ont la charge supporterai une aussi longue interruption » … il continue la plainte en précisant que « le personnel fait la loi, qu’il exige toujours plus des patrons » etc…
Schwendi convoqua même un congrès des employeurs viticoles – où les salariés n’étaient pas représentés – et ils tentèrent d’édicter des salaires maxi, et même des rémunérations en fonction du travail effectué (page 103, non relevé ici en l’absence de référentiel monétaire fiable). On trouve traces de bien des décrets dans les localités les plus prisées du vignoble, où l’on tente d’encadrer les salaires.