Cette série de billets est issue de l’ouvrage encyclopédique du chanoine Médard Barth publié en 1958 « der Rebbau des Elsass » ou « Le vignoble d’Alsace », ouvrage de référence en matière d’Histoire du vin d’Alsace.
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A la fin du 18ème siècle, un vigneron de Riquewihr, Jean Michel Ortlieb, conseillait la plantation d’un cépage extraordinaire, qui donnait tous les ans un vin merveilleux qui mûrissait plus vite que les autres, et ce en quantité plus grandes que les autres cépages…etc… Il poussa la démagogie à dénommer ce cépage le Ortlieber, et réussi à envoyer son vin à Louis XVI …
Ce cépage encore dénommé Knipperlé, ou Kleine Raüschling, est issu d’un des croisements entre Gouais Blanc et Pinot, dont sont également issus l’Auxerrois, le Chardonnay … mais sa qualité était médiocre, il était très sensible au gel et très sensible à la pourriture grise … pourtant cette belle esbroufe avait rempli les bourses du dénommé Ortlieb…
Cependant la grande majorité des cultures de vigne de qualité sont celles appartenant aux ordres religieux. Ainsi Metzger écrivit « Au 18ème siècle, la culture de la vigne en Alsace prit un nouvel essor. Les nobles, le clergé surtout, les abbayes, les bourgeois rivalisèrent de zèle dans l’amélioration du vin et la culture mieux entendue de la vigne. Des arrêtés des seigneurs et des magistrats réglementaient avec sagesse la culture, la cueillette et la vente du vin. Les clos des abbayes et des seigneurs surtout se distinguaient par une excellente culture, par des cépages choisis et par des produits de 1er ordre »
La différentiation qualitative est nettement décrite ici, argumentée. C’est cependant aussi les interdictions et les limitations, car la France veut limiter les plantations à tout-va et veut aussi maîtriser les cépages.
C’est une bonne chose, mais c’est aussi le début du tout-réglementé comme on le connaît toujours à l’heure actuelle, où on ne sait jamais où s’arrête l’intérêt commun et – surtout – les intérêts particuliers … forme de corruption officialisée typiquement Française.
En tout cas les repères changent et le vin d’Alsace souffre de cette frontière immédiate du Rhin, alors que jusqu’à présent elle était certes allemande mais a toujours bénéficié des apports Français. De plus, la France étant perpétuellement en guerre avec les nations qui se forment à cette époque, les exportations sont régulièrement interdites et limitées, notamment vers les Pays-Bas qui ont jusque là constitué une forte place d’export (et plaque tournante) pour le vin d’Alsace.
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NOTE : L’ouvrage de Médard Barth est à mettre dans son contexte. Barth bien que très cultivé par passionné, n’était pas un spécialiste du vin. Plus de 50 ans après la parution de ce livre, certains éléments se relèvent inexacts, mais certainement pas plus que ce que nous croyons nous à notre époque comme étant vrai … Pour ma part je n’ai pas prétention à rectifier les vérités.