Medard Barth « der Rebbau des Elsass » Qui étaient les propriétaires de la vigne Alsacienne ?

Cette série de billets est issue de l’ouvrage encyclopédique du chanoine Médard Barth publié en 1958 « Der Rebbau Des Elsass » ou « Le vignoble d’Alsace »,  ouvrage de référence en matière d’Histoire du vin d’Alsace.

 

A qui appartenait la vigne ? … Voici seulement un court condensé de ce que Médard Barth nous en apprend …

 

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Des propriétaires actifs

Page 60 et + : Médard Barth passe au travers des propriétaires historiques du vignoble alsacien.

Il indique comme nous pouvons nous en douter que les ordres religieux, monastiques et autre abbayes ou diocèses étaient de gros propriétaires terriens du vignoble.

Les institutions religieuses devinrent souvent propriétaires de vignes par la donation, principalement sous l’époque Carolingienne, grande pourvoyeuse de biens envers une église chrétienne en plein développement.

Il s’agissait cependant de vignobles disséminés, sans unité territoriale à cette époque. Par la suite, les moines organisèrent leur viticulture, en développant une conduite de vigne soignée et en plantant de nouvelles parcelles. L’auteur cite de nombreuses possessions, pas seulement locales, de vigne alsacienne. Notamment, on citera les archives qui mentionnent qu’en 1140 l’évêque de Toul possédait des droits sur le déjà grand vignoble de Bergheim, probablement ce depuis bien plus avant cette date.

Ce sont bien les abbayes les plus puissantes qui possédaient les plus grandes et fameuses surfaces viticoles.

Citons parmi les plus grandes les abbayes de Wissembourg, véritablement ceintes de vignes, Marmoutier, Murbach, et l’Evéché de Strasbourg avaient des possessions qui étaient disparates. Les abbayes recevaient beaucoup de biens, et de terre viticole, par les dons des familles. Souvent, ces donations étaient donatio pro anima, pour le salut de l’âme, mais permettait souvent d’échapper à l’impôt du Seigneur local … une niche fiscale, en somme.

La vigne était alors confiée en fermage, contre des rentes. Une « ferme » se constituait d’un loyer en intérêts vineux de l’ordre de 1/3 à ½ de la récolte annuelle. En fait le loyer en vin augmentait à mesure que la réputation du vignoble s’élevait. On rapporte qu’en 1159, l’Eglise St Thomas de Strasbourg confia 6 « acker » de vigne aux habitants de Mutzig et un village voisin, contre une rente d’un tiers de la récolte en vin.

Quelques Possessions des Ordres religieux

Les régnants donnaient aux ordres religieux des possessions terriennes. Les Etichon possédaient (s’approprièrent?) une grosse part du vignoble, et en confièrent aux ordres religieux.

Herrade de Landsberg (Abbaye du Mont Ste Odile) possédait des Vignes à Obernai, Niedernai, Bourgheim, Barr, Mittelbergheim, Eichhoffen, Gertwiller,

L’Abbaye de Murbach reçut de la part du Graf Eberhard, vers 730 des vignes à Bergheim, Gueberschwihr, Gundolsheim, Lutterbach, Orschwihr, Wattwiller, Niedermorschwihr, Blotzheim.

Ceci dit, les dons aux églises n’étaient pas sans arrière-pensées. Il s’agissait parfois pour les régnants de contrôler les convoitises des et entre noblesses locales en morcelant leurs possessions. C’est ainsi que le vignoble alsacien a très tôt été morcelé, dès les mérovingiens.

Une économie vini-viticole exportatrice et capitaliste

(p67 ) Au Moyen-Âge, les possessions viticoles par des ordres religieux ne se limitaient pas à des abbayes alsaciennes. Des abbayes vosgiennes avaient leur vigne en Alsace, tout comme Saint-Denis. Mais une part notable des possessions étrangères étaient Suisses.

Après les Abbayes, les Bourgeois deviennent propriétaires

Page 72 – Ensuite, les bourgeois de Bâle ont profité du grand désordre qui régnait lors de la guerre de trente ans pour s’accaparer des vignes laissés à l’abandon par leurs propriétaires massacrés ou exilés. C’est ainsi que ces Strasbourgeois se sont approprié maisons, forêts et vignes du côté de Boersch à cette époque. Probablement, les propriétés forestières actuelles de la Ville de Strasbourg dans les environs du Champ-du-Feu trouvent-elles leur origine dans le vide laissé par la guerre de trente ans ?

Un monde viticole qui évolue nettement après la Révolution Française

P69 Médard Barth fait un grand saut dans le temps, pour nous rappeler qu’en fait, les plus grands bouleversements eurent lieu à partir de la Révolution Française.

Bien évidemment, d’aussi fortes possessions religieuses ont mené à un éclatement de la propriété viticole après la révolution française. Et la loi napoléonienne sur les successions a mené à la multiplication des propriétaires terriens. Ceci fut valable jusqu’au 20ème siècle.

Médard Barth note que selon une étude statistique datée de 1927, sur 440 communes, 124 possédaient de la vigne. Environ 50 000 propriétaires de vignes possédaient entre 2 et 50 ares. Environ 1000 travaillaient de 3 à 4 hectares de vigne. Et 132 plus de 5 hectares. Et, tout devant, Schlumberger possédait déjà 110 hectares …

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