Grâce à l’amitié d’un grand amateur de Bourgogne (et aussi d’Alsace), une escapade de deux jours en Bourgogne m’a permit d’en revenir avec des impressions que je vous livre en vrac…
Découvertes à Vosne-Romanée, Morey Saint-Denis, Chambolle-Musigny, Gevrey-Chambertin…
les 23 et 24 mai 3013.
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2013 et son printemps usant …
Les vignerons Bourguignons en prennent « plein la tronche », plus encore qu’en Alsace, avec des pluies incessantes mais également abondantes, et des températures très froides (2°C Vendredi 24 Mai). Les Canards nagent dans les vignes.
Les vitis attendent avec impatience les trop courtes fenêtres de temps sec, enfin c’est un grand mot, pour sortir traiter la vigne contre les maladies habituelles. Aussi dès que le soleil sort, on voit fleurir les pulvérisateurs, et des enjambeurs (ces tracteurs hauts-perchés qui passent entre les rangs de vignes) dont la stabilité est dangereuse par l’instabilité des sols.
Un arrêté a même autorisé l’emploi de l’hélicoptère pour traiter, hélico qui est surtout dangereux et d’une efficacité moyenne….
Certains sont moins stressés que d’autres, prenant la chose avec philosophie, finalement on n’est qu’au printemps, et tant que la fleur n’est pas sortie, il n’y a pas de risque pour le raisin et pour cause, mais réside dans l’apparition des maladies dès que les températures monteront enfin.
Des 2012 rares et encore plus chers …
D’une part la récolte était ridiculement petite, et les chais sont parfois aux tiers vides. Impressionnant. D’autre part, les chinois viennent rafler les ventes et les négociants locaux se tournent alors vers les vitis avec des prix qui s’envolent. Les conséquences sont un prix à la bouteille pour le client qui fait encore des bonds. Dur dur pour certains.
Des vitis accueillants
Les alsaciens sont parfois choqués du traitement qu’on fait aux clients en Bourgogne. Et même si ceci ou même si cela, rien n’excuse certains comportements, tout simplement. Nous sommes heureusement tombés sur des vignerons extrêmement accueillants, s’excusant de ne pas avoir assez de temps ou de vin, souriants et affables. C’est à se réconcilier illico avec la face humaine de la Bourgogne viticole !
La force de la rencontre avec le vigneron
Le vin d’un vigneron, et simplement une étiquette, n’a simplement pas la même signification, pas le même goût quand on a rencontré le vigneron! Chacun et chacune a sa personnalité, et le vin aussi !
C’est par ce « vécu » que le vin prend une autre dimension et s’emplit de nuances, de vie, de subtilités que le simple achat d’une bouteille chez le caviste ne pourra jamais procurer. On se console ainsi facilement de n’avoir pas accès à certaines maisons.
La relation avec le client pas pour faire joli…
A l’opposé, on croit sentir chez certains vignerons qu’entretenir le lien avec les clients particuliers est pour eux une assurance pour l’avenir, et le choix de la liberté : la liberté conservée passe souvent par des choix et des restrictions ou contraintes. C’est bien facile de céder à des financiers ou à des grosses boites, mais seront-ils encore là dans 10 ans ? le vigneron fera-t-il encore le vin comme il l’entend dans 5 ans s’il dépend d’un seul type de marché ? …
Un marché sous contrôle, lui !
L’indépendance et la prospérité se bâtit en contrôlant l’offre. C’est ce que savent faire les Bourguignons, avec entre autres des quantités limitées, des grands crus réellement rares et réellement bons. Avec aussi une image bâtie sur des mots et des notions qui font rêver.
L’alsacien amateur de vin a honte, et comprend facilement : chez nous, les plus grosses boites vendent des grands crus à moins de 8 euros la bouteille, et en supermarché vous trouverez des grands crus de petite vitis à moins de 6,50 euros …
Ici aussi, les moines ont bâti une réputation aux vins d’Alsace, dont les grands terroirs étaient recherchés et très chers, ça n’est pas une légende. Qu’en a-t-on fait ? Une culture du vin de cépage, et des terroirs qui n’ont aucun prestige puisque aucune réputation…
Des vins maitrisés, des nouveaux noms …
Les vignerons bourguignons que nous avons rencontrés maitrisent leurs cuvées.
J C à Morey Saint-Denis tient seul le domaine familial site au décès de son père. Sa réputation ne cesse de grandir et pourtant, le bonhomme ne se croit pas « arrivé », pourtant sa production est superbe.
Le Domaine A et B R…. produit de beaux vins. Visite un peu courte.
Le domaine des B…. à Morey Saint Denis encore, sera à approfondir l’année prochaine, nous n’avons fait qu’effleurer ce domaine prometteur, grâce à la maison des vignerons de Morey Saint Denis.
Nous avons fait la connaissance d’un personnage, une sorte de Jean Schaetzel Bourguignon – comprenne qui pourra – avec M Geoffroy, du Domaine H-G à Gevrey Chambertin. Ses vins sont réputés depuis toujours, des vins de garde.
Nous avons eu un coup de coeur pour les vins du Domaine A et H S…. à Chambolle Musigny Cuvées toutes élégantes, nettes, soyeuses mais sans faussetés (sucrées), cuvées différenciées et lisibles, vinifiées par une autodidacte qui réussit grâce à une constante dans tout succès vrai qu’on retrouve ailleurs : cette passion de bien faire, l’obstination de porter une attention permanente à la qualité de tout ce qui est fait. Et en plus, l’absence de vanité qui permet de ne jamais être aveuglé, et donc de progresser. Le résultat, c’est ici des vins d’une extrême élégance. Bravo !
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Voilà, une escapade fraîche, et même froide, auprès de la chaleur humaine de vignerons bourguignons dans le coin le plus charmeur de la côte de Nuits. Un grand merci et bravo pour tous les vignerons si accueillants, et bon courage pour la suite, le soleil finira par revenir !!! 🙂